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Comment notre santé intestinale influence-t-elle notre cerveau, et quel rôle y joue la sérotonine ? Amandine De Paepe s'entretient avec le Dr Chris van der Linden sur l'impact de la connexion intestin-cerveau sur l'équilibre mental et la santé. Ils mettent en lumière comment les neurotransmetteurs, comme la sérotonine dont 90 % est produite dans les intestins, régulent notre humeur et nos niveaux de stress. De plus, le Dr van der Linden partage des perspectives sur l'impact des fluctuations hormonales, comme celles de la ménopause, sur notre bien-être.
Notre invité n'est pas un invité ordinaire. Le Dr van der Linden connaît Amandine depuis longtemps ; ils se sont rencontrés lorsqu'Amandine l'a consulté après un accident avec traumatisme crânien. Aujourd'hui, ils partagent la même mission : aider les gens à vieillir en bonne santé grâce à des ajustements de style de vie.
Auteur de best-sellers et scientifique de l'alimentation, Amandine De Paepe a suivi une formation universitaire complète. Elle a étudié les sciences biomédicales et la nutrition, et a obtenu un master européen en sciences nutritionnelles aux universités de Wageningen (NL), Cork (Irlande), Lund (Suède) et Paris (FR). Après une carrière internationale dans le secteur pharmaceutique, elle se lance dans le conseil nutritionnel médical, qu'elle associe à des analyses telles que des tests sanguins spécifiques, des tests ADN ou de sucre, ainsi qu’à des compléments personnalisés. Au fil des années, Amandine a fait de sa passion le métier de sa vie. Aujourd'hui, elle est le moteur d'Insentials, une marque belge de vitamines et de compléments alimentaires.
Le Dr Chris van der Linden, neurologue, a suivi sa formation à la prestigieuse université Harvard à Boston et à l'université du Texas aux États-Unis. Après sa spécialisation en troubles du mouvement au Baylor College of Medicine à Houston, TX, il s'est installé à Gand, où il a travaillé à l'Hôpital Universitaire de Gand. Jusqu'en octobre 2021, le Dr van der Linden était neurologue à l'hôpital Saint-Luc de Gand. Il a travaillé avec des patients souffrant de troubles du mouvement, du syndrome de Gilles de la Tourette, de la maladie de Parkinson, de dystonie, et plus encore. Actuellement, il exerce dans son propre Centre de Neurologie et de Médecine Orthomoléculaire à la Coupure à Gand.
Le Dr van der Linden explique que les ajustements de mode de vie sont très variés. Cela concerne des modifications dans l'alimentation, l'exercice physique et l'utilisation appropriée des compléments alimentaires. Il souligne qu'il existe un large éventail de moyens pour aider les gens à vieillir en bonne santé avec le moins de médicaments possible. Dans le domaine médical, on travaille encore trop peu sur la prévention. C'est immédiatement des pilules, des pilules, des pilules, et on va guérir. Mais ces médicaments devraient être utilisés le moins possible à l'avenir. La seule façon d'y parvenir est de sensibiliser les gens dès le plus jeune âge à la manière de vivre sainement sans développer rapidement des maladies et des troubles comme le diabète, les troubles immunologiques, le stress, etc. En outre, c'est beaucoup plus avantageux sur le plan économique. Un pays a beaucoup moins de dépenses lorsque ses habitants peuvent mener une vie plus saine. Amandine répond en soulignant qu'on oublie souvent que les médicaments ont aussi de nombreux effets secondaires.
En tant que neurologue, le Dr van der Linden connaît évidemment tout sur le cerveau. Ce qui est souvent fortement sous-estimé, c'est le lien entre ce cerveau et nos intestins. Les neurotransmetteurs sont des substances dans notre cerveau qui assurent la transmission des signaux. Le mot "neuro" dans neurotransmetteurs se réfère donc au cerveau. Mais beaucoup de ces neurotransmetteurs, comme la dopamine et la sérotonine, se trouvent également dans nos intestins. Pour la sérotonine, notre hormone du bonheur, il se trouve même que la plus grande concentration est dans les intestins. Lorsqu'on sait que 90 % de notre sérotonine est produite dans les intestins et seulement 10 % dans le cerveau, il n'est pas surprenant qu'un déséquilibre dans les intestins puisse aussi influencer notre bien-être mental.
La connexion entre le cerveau et l’intestin est bien établie. Elle peut se faire soit par la circulation sanguine, soit par le nerf vague, un nerf qui relie le cerveau à différents organes de la poitrine et de l’abdomen.
Des problèmes peuvent survenir dans le cerveau à partir des intestins, par exemple chez les personnes ayant un intestin perméable, dit "leaky gut". Dans ce cas, la paroi intestinale devient trop perméable, permettant à des substances toxiques de migrer lentement des intestins vers le cerveau. Là, elles peuvent finalement perturber le cerveau, ce qui peut affecter notre bien-être mental.
Amandine souligne que le bien-être mental est de plus en plus discuté, mais qu’il reste encore un tabou. Le Dr van der Linden est d'accord. Il y a 200 à 300 ans, les gens avaient beaucoup moins de stimuli. Dans la société actuelle, notre cerveau est soumis à une pression constante, avec des stimuli et un stress continus, ce qui rend compréhensible que nous puissions mentalement craquer.
Amandine et le Dr van der Linden discutent également du lien entre les intestins et la santé mentale des femmes pendant la ménopause. Tout le monde sait que de grandes fluctuations hormonales se produisent pendant la ménopause. Ces changements hormonaux peuvent entraîner de nombreux symptômes physiques, comme les redoutées bouffées de chaleur.
Mais selon le Dr van der Linden, ces changements influencent également le système des neurotransmetteurs. Même les femmes en âge de procréer peuvent déjà être affectées par ce processus. Par exemple, on constate que le microbiome des femmes varie même selon les différentes périodes du cycle. Ainsi, nos hormones influencent notre microbiome, ce qui, à son tour, peut affecter l’équilibre des neurotransmetteurs.
"Si la cause peut se trouver dans les intestins, pourquoi ne les examine-t-on pas plus souvent ?", demande Amandine. Selon le Dr. van der Linden, cela est heureusement de plus en plus le cas. Le microbiome intestinal est déjà bien connu par une grande partie de la population. Pour l’étudier, une analyse des selles peut être réalisée. Celle-ci permet d’examiner la proportion des différentes bactéries. Lorsqu’il y a un déséquilibre entre les bonnes et les moins bonnes bactéries, qui doivent se maintenir en équilibre, il peut être décidé de compléter un certain type de bactérie.
Il est nécessaire d’avoir un très grand nombre de certaines bonnes bactéries dans les intestins. Si ce n’est pas le cas, cela peut éventuellement être complété par des probiotiques. Maintenir notre microbiome en bonne santé est important pour éviter l’apparition d’un intestin perméable et la survenue d’inflammations de bas grade.
Le Dr. van der Linden précise qu’un intestin perméable peut être mis en évidence par un test sanguin. L’administration de la bactérie Akkermansia peut être très bénéfique pour réparer un intestin perméable. La glutamine peut également avoir un effet réparateur.
Le Dr. van der Linden indique que le mode de vie est d'une importance cruciale pour notre microbiome intestinal. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer l'influence négative des médicaments. Par exemple, les inhibiteurs de la pompe à protons, les fameux antiacides, sont prescrits beaucoup trop souvent. Leur usage à long terme peut causer des problèmes intestinaux. L'acide gastrique est nécessaire pour bien digérer les aliments.
Il en va de même pour d'autres types de médicaments, comme les antidépresseurs, souvent prescrits sur de longues périodes sans vérification intermédiaire pour évaluer si un arrêt ou une diminution de la posologie est possible.
La puissance de l'activité physique est également à ne pas négliger. L'exercice, surtout en plein air, a un impact positif sur notre bien-être mental, la circulation intestinale, et bien d'autres aspects de notre santé. Amandine remarque que de nos jours, les enfants restent souvent avec leur téléphone portable dans la cour de récréation au lieu de bouger.
Enfin, l'une des principales influences, qui constitue en fait la base de tout, est notre alimentation. Selon le Dr. van der Linden, il est essentiel d'éviter autant que possible les aliments transformés. Nous devrions bannir les aliments contenant des additifs (E-nombres) et privilégier les aliments biologiques. La nourriture transformée a un impact sur notre microbiome intestinal. Cela ne veut pas dire qu'il faut renoncer définitivement aux hamburgers, mais ils devraient vraiment rester une exception.
Pour conclure, Amandine et le Dr. van der Linden abordent une fois de plus le fait que de nombreux antidépresseurs continuent d'être prescrits, ainsi que d'autres médicaments dont la prescription aurait peut-être pu être évitée. Malheureusement, la plupart des médecins généralistes n'ont pas suffisamment de temps pour mener des discussions approfondies avec leurs patients.
En réalité, les parents ont déjà la responsabilité de prendre soin du microbiome de leur enfant, notamment en leur servant suffisamment de légumes frais. Le Dr. van der Linden souligne que tout commence dès la naissance. Il est prouvé que les bébés nés par césarienne ont déjà un retard initial. En effet, en ne passant pas par le canal vaginal, ils ne reçoivent pas les bactéries nécessaires à la mise en place de leur microbiome. Cela peut entraîner des problèmes chroniques à long terme, tels que des troubles intestinaux, des affections immunologiques, des inflammations, etc.
À l'âge adulte, il est essentiel de poursuivre cette bonne prise en charge de votre microbiome intestinal, en faisant des choix de vie sains et, si nécessaire, en restaurant l'équilibre de votre microbiome.
Le Dr. van der Linden souligne également l'importance de rester critique lorsqu'on se voit prescrire des médicaments et de prêter attention aux éventuels effets secondaires.